Formation professionnelle : des gadgets pour moins de sécurités

 

Les  partenaires sociaux avaient abouti à un projet d’accord national interprofessionnel sur la future réforme de la formation professionnelle. La ministre a rejeté d’un revers de la main leurs propositions. Aujourd’hui nous sommes bien loin de l’esprit de la réforme précédente qui visait à légitimer le rôle conjoint des partenaires sociaux dans le système de formation professionnelle.

 

Après la révolution copernicienne de l’apprentissage, qui n’a pas eu lieu, la ministre parle d’un bing bang de la formation professionnelle. Et une nouvelle fois il y a beaucoup de bruit pour pas grand chose.

 

Cette future réforme reste muette sur un enjeu majeur : celui de l’accompagnement. L’enjeu de la future réforme est bien celui de la mobilisation de leurs droits par les individus et pour cela un accompagnement renforcé, surtout les plus éloignés de la formation, est indispensable. Il aurait fallu muscler le conseil en évolution professionnelle. Pourtant le groupe de travail sur la future réforme de la formation professionnelle de l’Assemblée nationale souligne l’importance de l’accompagnement. La suppression de l’intermédiation va creuser les inégalités entre ceux qui savent mobiliser les outils de la formation professionnelle et ceux qui ne le savent pas et qui ont besoin d’intermédiaires pour être guidés dans leur choix de formation en fonction de leurs besoins et des attentes territoriales des bassins d’emploi dans lesquels ils vivent. L’exigence de qualité et d’efficacité des formations est pourtant indispensable pour renforcer la compétitivité de nos entreprises et pour faire de la formation un réel investissement.

 

Alors que le coût de la formation n’est pas le même partout sur le territoire, le gouvernement aggrave la fracture territoriale en faisant le choix de la monétisation des droits, qui différeront donc en fonction du lieu où la personne vit. Le transfert de la collecte des fonds de la formation des OPCA vers les Urssaf était attendu mais l’enjeu est moins d’organiser ce transfert que de repositionner les OPCA vers des métiers d’appui et de conseil aux TPE et aux PME.Aucune précision sur les modalités de remplacement du congé individuel de formation par le CPF de transition.

 

Enfin, rien n’est évoqué pour la formation des demandeurs d’emploi. On nous renvoie à nouveau à plus tard… De plus, nous nous interrogeons sur l’absence de mesures en faveur des personnes en situation de handicap dans les annonces. Pire encore, le tout digital risque d’exclure numériquement des salariés.

 

Pour compenser la flexibilité accrue des ordonnances Travail, la suppression des emplois aidés, les annonces récentes en matière d’assurance chômage, le gouvernement répondait: “la future réforme de la formation professionnelle qui créera de nouveaux droits ». Mais où sont passés ces nouveaux droits? Le gouvernement sait faire preuve d’ingéniosité quand il crée, en catimini, les ruptures conventionnelles collectives, dont on voit déjà les effets néfastes sur l’ensemble du territoire. Il l’est beaucoup moins quand il s’agit de créer de nouveaux droits pour les actifs.

 

Le débat parlementaire qui s’engagera sur ce sujet dans les prochaines semaines sera l’occasion pour le groupe Nouvelle gauche de mettre en avant des propositions plus ambitieuses, innovantes et justes socialement qui permettent d’offrir à tous ceux qui en ont besoin une nouvelle chance sur le marché du travail.

 

 

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Boris Vallaud, porte-parole du groupe Nouvelle Gauche à l’Assemblée nationale – 06/03/2018

 

 

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