Réforme de l’assurance chômage : déceptions et inquiétudes

 

Les mesures annoncées par la ministre du Travail pour réformer l’assurance chômage suscitent inquiétudes et déceptions.

 

Déception parce que les droits nouveaux invoqués ne concerneront qu’une poignée de personnes, environ 50 000. L’ouverture de l’assurance chômage aux démissionnaires devrait bénéficier à 20 000 personnes tant les conditions sont restrictives. Rappelons qu’il y a 1 million de démissionnaires chaque année en France et que 46 000 d’entre eux bénéficient déjà de ce droit. L’ouverture aux indépendants en cas de liquidation judiciaire, quant à elle, concernerait 30 000 personnes. Pour rappel, sur les 2,7 millions d’indépendants que compte notre pays, 50 000 ont perdu leur emploi l’année dernière. Ces mesures sont reprises au rabais pour simplement permettre au Président d’affirmer qu’il fait ce qu’il dit. Nous sommes pourtant bien loin des promesses de campagne du candidat Macron qui plaidait pour une ouverture des droits à l’assurance chômage à tous les travailleurs.

 

Déception parce que cette reprise par le gouvernement de l’accord trouvé par les partenaires sociaux est moins là pour répondre aux besoins des chômeurs de notre pays que pour apaiser le climat de défiance que la majorité a instauré avec les syndicats. Il ne faut pas être dupe : ces mesures ne sont que des contreparties en prévision des annonces que la ministre du travail fera lundi sur la formation professionnelle.

 

Inquiétude car il n’y a aucune mesure forte pour lutter contre la précarité et pour accompagner les chômeurs vers l’emploi et la formation. La taxation des contrats courts est renvoyée à des négociations de branche et aucune proposition n’est avancée sur la question centrale des emplois discontinus et de la prise en charge de leur coût économique et social.

 

Inquiétude quant à l’avenir de l’assurance chômage et de sa logique : « un euro gagné = un euro indemnisé ».  Le gouvernement veut qu’un contrôle drastique des chômeurs soit appliqué pour inciter les demandeurs d’emploi à accepter ce qu’on lui propose, quelque soit les conditions.   Cette fermeté rappelle celle de la loi Sarkozy de 2008 qui prévoyait déjà une radiation de deux mois pour les chômeurs qui refuseraient sans motif légitime deux offres d’emploi jugées « raisonnables ». Comme un air de déjà vu. Enfin, il aurait mieux valu tripler les effectifs de Pôle emploi dans l’accompagnement des demandeurs d’emploi plutôt que dans le contrôle.

 

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Communiqué du groupe Nouvelle Gauche à l’Assemblée nationale – 02/03/2018

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