Le gouvernement veut faire payer à l’hôpital sa politique budgétaire

Mardi 29 octobre, nous avons voté contre le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2020. S’il comporte quelques bonnes mesures que sont l’indemnisation du congé de proche aidant ou la garantie de versement des pensions alimentaires, trois mesures sont particulièrement inacceptables.

Celles et ceux qui perçoivent des prestations sociales vont perdre du pouvoir d’achat en 2020 du fait de la sous revalorisation de ces prestations votée par la majorité 

  • Le gouvernement prévoit 500 millions d’euros d’économies en ne revalorisant pas les prestations sociales avec l’inflation. Concrètement, il va revaloriser les prestations (prime d’activité, RSA, APL) de 0,3%  alors que l’inflation est prévue à 1%. En d’autres termes, il les revalorise 3 fois moins que ce qu’il faudrait pour éviter que les allocataires ne perdent du pouvoir d’achat.
  • Une revalorisation n’aurait pourtant pas été superflue au vu des premiers bilans de la politique du gouvernement : un taux de pauvreté qui, selon l’INSEE, repart à la hausse depuis deux ans, à la suite des mesures sociales et fiscales que le gouvernement a adoptées ; une augmentation sans précédent, de 2,9 %, des expulsions locatives en 2018 selon la fondation Abbé-Pierre ; un nombre d’allocataires du RSA qui ne faiblit pas, selon l’Observatoire des inégalités.

Le Gouvernement demande de nouvelles économies à l’hôpital et a “oublié” de mettre dans son budget le plan pour les urgences annoncé avant l’été 

  • C’est un peu une marque de fabrique de ce Gouvernement : faire des annonces et “en même temps” ne pas les mettre en œuvre. Face à la crise des urgences, le Gouvernement a annoncé le 9 septembre en urgence un plan à 750 millions d’euros. Nous avons interrogé la Ministre de la santé pour savoir où se trouvent ces 750 millions d’euros dans le budget. Et bien personne ne sait où sont ces 750 millions, tout simplement parce qu’ils n’y sont pas
  • Le gouvernement a fixé, comme pour 2019, un objectif de dépenses à ne pas dépasser aux hôpitaux publics inférieurs à l’augmentation naturelle des dépenses qui est liée à l’inflation, à l’augmentation du nombre de patients ou aux nouvelles pathologies. Cela représente une économie de 4,2 milliards d’euros cette année, après les 3,8 milliards déjà demandés l’année dernière.
  • Malgré la grève inédite de 200 services d’urgence depuis le mois de juin, malgré les appels à soutenir l’hôpital public qui se multiplient de la part de personnalités, d’élus, de l’opinion publique et des différents collectifs de professionnels de santé, malgré la préconisation récente de la Cour des comptes d’augmenter de 20 % les effectifs de personnels soignants dans les services d’urgence, le gouvernement persiste à demander des économies toujours croissantes à l’hôpital public.

Ce budget de la sécurité sociale fait payer aux assurés sociaux les décisions du gouvernement.

  • Depuis 1994 et la loi Veil, l’Etat compense toujours à la Sécurité sociale les exonérations de cotisations qu’il a décidées. Pour la première fois depuis 1994, le gouvernement fait le choix politique de faire porter à la Sécurité sociale le poids des mesures d’urgence prises pour répondre à la crise sociale des gilets jaunes. Ce faisant, il organise le retour au déficit de la sécurité sociale.
  • Le déficit de la sécurité sociale représentera 5,6 milliards d’euros en 2020 alors que selon les projections effectuées par le Gouvernement en 2018, le régime général de la sécurité sociale aurait dû – sans cette mesure de non-compensation – être excédentaire de 6,3 milliards en 2020.
  • Dans les prochains mois, le gouvernement demandera ainsi à la Sécurité sociale de faire de nouvelles économies dans les hôpitaux, les EHPAD afin de “boucher le trou de la Sécu” qu’il a lui même creusé !
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