Les annonces du Premier Ministre ne permettront pas de sortir de la crise

Après des semaines à nous dire qu’il n’allait pas changer de cap, que le cap était le bon, le gouvernement se décide enfin à prendre en compte l’existence de la colère des Français. Mais il semble incapable d’en prendre la mesure.

Depuis un mois, nous demandions un moratoire sur la hausse de la fiscalité énergétique votée par la majorité. Celle-ci représentera 55 milliards d’euros sur l’ensemble du quinquennat, ce qui est insoutenable pour les Français.

Le gouvernement propose désormais la suspension pendant six mois de la hausse de ces taxes. Il n’est jamais trop tard pour entendre et reconnaitre ses erreurs. Mais avec les annonces du Premier ministre, le rendement de la fiscalité énergétique c’est encore 48 milliards d’euros entre 2017 et 2022 !

Le Premier Ministre a notamment annoncé vouloir revenir sur la hausse de la fiscalité sur le gazole entrepreneur non routier. C’était l’objet d’un amendement que les députés socialistes et apparentés avaient déposé et que le gouvernement avait balayé !

Dans les prochaines semaines nous examinerons en nouvelle lecture le projet de loi de finances pour 2019 et nous soutiendrons de nouveau l’annulation de la hausse des taxes. Que le gouvernement écoute enfin l’opposition parlementaire, arrête de balayer systématiquement ses propositions et suspende totalement la hausse de la fiscalité écologique !

Ce délai de 6 mois, pendant lesquels le gouvernement organisera un « grand débat » aux contours flous, révèle une nouvelle fois l’injustice de la politique du gouvernement. Pour supprimer l’ISF et instaurer la flat tax, les 300 000 ménages les plus aisés qui ont bénéficié de ces mesures ont-ils attendu 6 mois ? Non !

C’est trop tard et trop peu. En restant sourd à la colère des Français et aux propositions de l’opposition pendant trop longtemps, le gouvernement a créé une crise sociale et politique sans précédent. Il faut une réponse à la hauteur sur la question de la justice sociale et des conditions de vie des classes moyennes et populaires.

C’est pour cela que nous avons proposé hier au Premier Ministre, avec nos collègues sénateurs socialistes, une proposition de loi pour sortir de la crise. Elle propose :

  • Le rétablissement de l’ISF ;
  • Un moratoire sur la nouvelle hausse des taxes énergétiques prévue pour 2019 tant
    que des états généraux du pouvoir d’achat pas réunis ;
  • L’augmentation du pouvoir d’achat des retraités : indexation des retraites avec
    inflation et hausse de CSG applicable uniquement aux pensions supérieures à 3000
    euros par mois pour un célibataire ;
  • L’augmentation du pouvoir d’achat des salariés sans dégrader la situation des
    employeurs dans les petites entreprises : prime d’activité équivalente à 180 euros par
    mois pour une personne au SMIC ;
  • Le soutien aux transports et au chauffage : transformation du chèque énergie pour
    inclure une composante carburant (aujourd’hui il n’est versé que pour le chauffage) et
    l’ouvrir aux 8.5 millions de personnes qui n’ont pas accès aux transports en commun
    et qui ont moins de 1700 euros par mois ;
  • Un tableau de bord pour montrer la contribution de chacun à la transition
    énergétique : combien paient les 10% les moins riches, les 10% les plus riches, etc.

C’est de ces mesures fortes que le pays a besoin de toute urgence !

Accessibilité