Protéger les 750 000 résidents et les 500 000 personnels des EHPAD – Tribune au Huffington Post

Aujourd’hui, nous soutenons le cri d’alarme qui monte partout en France : les 750 000 résidents et 500 000 personnels des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) doivent être protégés. Partout, dans nos circonscriptions, les directeurs et personnels nous alertent sur le risque de catastrophe sanitaire et humaine qui pourrait se produire dans les maisons de retraite du fait du coronavirus.

Les protéger signifie d’abord qu’il puisse y avoir, pour chaque EHPAD, des masques en nombre suffisant. Or à ce jour, même si des livraisons ont été organisées, les échanges que nous avons quotidiennement avec les EHPAD de nos circonscriptions montrent qu’un certain nombre ne dispose pas encore de masques. Les instances représentatives de la gérontologie estiment les besoins pour l’ensemble des EHPAD à 500 000 masques par jour. Nous demandons au Gouvernement d’accélérer les livraisons qu’il a annoncées et d’accompagner les collectivités territoriales qui ont lancé l’achat de matériel de protection (masques, gels, kits de protection) en leur communiquant dans les plus brefs délais une liste de fournisseurs accompagnée des délais de livraisons. Au-delà, nous lui demandons de réquisitionner temporairement les usines de production textile pour accélérer la production nationale de masques.

Protéger résidents et personnels nécessite que des tests puissent être réalisés. Pour cela, nous demandons que les personnels des EHPAD bénéficient en priorité des tests de dépistage annoncés par le gouvernement. Nous demandons également que les protocoles concernant les résidents soient revus : ainsi, nous avons été informés de cas où des résidents avaient dû être envoyés aux urgences en ambulance et y attendre 6 heures pour bénéficier d’un test, courant le risque de se faire contaminer. Il faut que ces tests soient réalisés en EHPAD.

Protéger résidents et personnels, exige, en l’absence de médecin coordonnateur pour l’établissement, qu’il y ait un protocole acté avec la médecine de ville, suffisamment souple pour intégrer les spécificités locales et laisser place aux initiatives qui sont mises en œuvre de manière remarquable par les personnels.

Ces trois demandes s’accompagnent d’une exigence de transparence. Jusqu’à ce jour, le directeur général de la santé n’a communiqué que sur le nombre de morts en milieu hospitalier, passant sous silence la situation des EHPAD. Nous demandons donc au gouvernement la transparence sur le nombre de décès et de personnes contaminées dans les maisons de retraite ainsi que la communication aux parlementaires des établissements touchés dans leurs territoires.

Gérer l’urgence ne saurait dispenser d’un vrai plan pour la dépendance. Lorsque l’épidémie sera derrière nous, il faudra réouvrir ce débat et ne pas repousser sine die la « grande loi sur la dépendance » qui avait été promise pour 2019. Ce sera l’occasion pour nous de rappeler le plan d’urgence pour l’hôpital et l’autonomie que nous avons publié en octobre 2019. Nous y proposions notamment une hausse de 25 % du taux d’encadrement en EHPAD d’ici 2024 par rapport à 2015, soit 80 000 postes supplémentaires auprès des personnes âgées, un plan de rénovation de 3 milliards d’euros sur 10 ans pour les EHPAD et les résidences autonomie et une revalorisation des rémunérations des personnels médicaux et para-médicaux. Ces ordres de grandeur sont un minimum pour pouvoir décemment aborder les défis du grand âge dans notre pays.

D’ici là, nous souhaitons redire toute reconnaissance et notre gratitude aux 500 000 personnels des EHPAD qui chaque jour protègent avec dévouement les 750 000 résidents qu’ils accompagnent.

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